UN gouvernement de gestion des affaires courantes, comme c’est le cas pour celui que dirige actuellement Elyès Fakhfakh, à la suite de sa démission de son poste de chef de gouvernement et du déclenchement officiel de la première étape du processus de formation de la prochaine équipe gouvernementale, conformément aux dispositions de l’article 89 de la Constitution, a-t-il le droit de prendre des décisions d’une grande importance engageant l’avenir du pays et obligeant, par ricochet, la future équipe ministérielle à s’y astreindre même si les mesures en question seraient en contradiction avec son programme d’action ?
Les analystes et les politologues ne se lasseront jamais de poser la présente question bien qu’ils sachent que la Constitution n’y a prévu aucune réponse. Sauf que le gouvernement actuel dirigé par Elyès Fakhfakh ne s’est pas empêtré dans les débats constitutionnels interminables et a opté pour le respect et la concrétisation d’un autre principe, celui de la continuité de l’Etat, en ce sens que les mesures exceptionnelles annoncées, lors de la crise du coronavirus, en faveur des entreprises en difficulté seront honorées dans les délais qui leur ont été prescrits par le gouvernement Fakhfakh bien avant que ce dernier ne démissionne de son poste, dans le but de faciliter la résolution de la crise qui a éclaté à la faveur de l’affaire du conflit d’intérêts dans laquelle il serait impliqué en attendant que la justice tranche.
Ainsi, des secteurs aussi importants comme la presse écrite, le textile ou la culture auront-ils droit à des allocations exceptionnelles comme le précise le communiqué publié, hier, par le ministère des Affaires sociales, appelant les entreprises concernées à s’inscrire sur la plateforme helpentreprise.social.tn consacrée à l’assistance aux salariés des entreprises bénéficiaires.
Et s’il est un commentaire ou une réaction à exprimer ou à faire valoir pour accompagner l’application des mesures exceptionnelles déjà décidées par le décret-loi 32/2020 en date du 10 juin dernier, plus particulièrement dans le secteur de la presse écrite, c’est bien d’entourer les journalistes et les entreprises des médias écrits de soutien financier, en cette période difficile pour l’ensemble des secteurs qui ont le plus souffert des retombées néfastes du Covid-19.
Un soutien, une assistance et un accompagnement qui répondent au rôle stratégique imparti à la presse écrite en matière de réussite du processus de la transition démocratique et de l’édification d’un Etat digne des sacrifices consentis pour que fleurissent la liberté, la dignité et le droit à la parole pour tous.
Les mesures prises en faveur de la presse écrite doivent être renforcées encore davantage par la mise en œuvre de mécanismes de nature à préserver la pérennité et la crédibilité du secteur comme le Conseil de la presse écrite censé réguler la presse et lutter contre les infractions commises ou subies par les professionnels. Idem pour le soutien financier accordé à la profession, lequel soutien devrait être structurel et institutionnalisé et ne répondant pas à des considérations de conjoncture.